C’est une pratique qui ne cesse de gagner du terrain. Le jeudi 7 mars dernier, une vendeuse de téléalarme a été jugée pour abus de faiblesse, escroquerie et vol à l’encontre d’une retraitée de 82 ans.
Une escroquerie grave…
Devant le tribunal correctionnel de La Rochelle, les manœuvres sournoises de cette femme de 60 ans, originaire de Sainte-Soulle, pour devenir la principale bénéficiaire de l’assurance-vie d’une octogénaire pour un montant de 430 000 euros, ont été démasquées.
Face à la barre, la prévenue, dotée d’un aplomb et d’une assurance au point d’exaspérer la partie civile, a tenté de minimiser ses actes en se déclarant victime de sa propre empathie.
La prévenue tente de se défendre…
Sa relation avec l’octogénaire a débuté au cours du mois de septembre 2022 lorsque la commerciale a frappé à la porte de son domicile situé à La Rochelle pour lui proposer un contrat de téléassistance.
« À chaque fois, elle pleurait, elle me disait regretter son ancienne maison, dit-elle. J’ai été prise d’empathie pour elle, et j’ai commencé à l’aider dans ses démarches pour chercher un nouveau domicile qui lui conviendrait mieux. Elle me demandait toujours plus de choses, des tâches que je réalisais en dehors de mon temps de travail. J’ai voulu régulariser la situation. »
Une version contredite par la famille de la retraitée, qui n’a pas hésité à porter plainte en 2022 après avoir compris ses intentions réelles envers la vieille dame.
Peu de temps après le début de leur relation, une offre de dame de compagnie payée 30 euros de l’heure s’est présentée.
La commerciale a sauté sur l’occasion. Et c’était le début d’une manipulation face à une dame souffrant d’un « trouble neuro-cognitif modéré » avec un début d’Alzheimer.
Omniprésente dans la vie de la victime, « le piège s’est refermé » sur elle, a argumenté Maître Gaëlle Roux-Noël, l’avocate de la famille.
« C’est elle qui me forçait à retirer l’argent »
Depuis qu’elle a été engagée, elle accompagnait la retraitée de 82 ans dans tous ses retraits à la banque, qui se sont multipliés de plus en plus.
Dans les registres relevés par l’accusation, la dame avait même retiré jusqu’à 1 900 euros en seulement trois semaines. « Pour qui ? », lui a alors demandé Gérald Faucou, celui qui a présidé la séance.
Et la prévenue de répondre : « Pour elle ». « C’est elle qui me forçait à retirer l’argent, elle m’attendait dans la voiture. Si on me voit faire le code sur les images de surveillance, c’est parce qu’elle n’avait pas ses lunettes », s’est-elle justifiée.
Mais toutes les preuves étaient contre elle. Sans parler des « cadeaux » de tout genre qu’elle a reçus, « en six jours, vous lui facturez 57 heures de travail. C’est incohérent », lui a rappelé ensuite le président.
Et ce qui a scellé son cas, c’est le fait même qu’en peu de temps, elle avait réussi à changer le testament de la dame en l’inscrivant comme principale bénéficiaire de son assurance vie de 430 000 euros.
Le verdict…
Le tribunal l’a condamné à un an de prison avec sursis, avec obligation de travailler, de réparer les dommages, et l’interdiction formelle de contacter la victime ou d’exercer toute activité d’aide à la personne.
En outre, elle devra payer une amende de 5 000 €, ainsi que des compensations de 5 000 € pour le préjudice moral et 1 300 € pour le préjudice matériel.