Loyer, électricité, frais de déplacement, nourriture… Vivre avec moins de 1 000 euros par mois en France, même en étant seul, sans enfant, est presque impossible, obligeant les principaux concernés à se priver de beaucoup de choses, y compris les repas. L’Observatoire des inégalités vient de faire un état des lieux sur la « pauvreté en France ».
Cinq millions de Français vivent avec moins de 1000 euros par mois
« Comment vivre en France avec moins de 1 000 euros par mois, le montant du seuil de pauvreté ? » C’est avec cette question qu’Anne Brunner et Louis Maurin, de l’Observatoire des inégalités, ont entamé l’avant-propos du quatrième « Rapport sur la pauvreté en France ».
En réponse, à la place d' »impossible », on emploie, par euphémisme, « très difficile ». Pourtant, « c’est le lot de cinq millions de personnes, adultes et enfants compris« , précisent les auteurs.
En épuisant ainsi toutes les aides sociales possibles pour tenter de compléter un salaire mensuel précaire, de nombreux individus vivant seuls et des familles n’ont pas d’autre solution que de se priver de presque tout… « de confort, de possibilités de se déplacer, de loisirs », indique le rapport.
Deux tiers des Français ne peuvent pas assurer une dépense imprévue de 1 000 euros
Généralement, ces cinq millions de Français ont « du mal à chauffer leur logement cet hiver et qui, l’été prochain, ne partiront pas à la mer. Bref, une vie à des années-lumière des joies de la consommation… »
Par ailleurs, « deux tiers des Français les plus modestes n’ont pas les moyens de faire face à une dépense imprévue de 1 000 euros« , rappelle l’Insee.
Vivre avec moins de 1 000 euros par mois en France : le quotidien bouleversant d’une famille
Jackie Cagnon et son épouse, Véronique, vivant dans cette précarité, ont accepté de partager les difficultés auxquelles ils font face jour après jour dans les colonnes de l’Humanité.
Le couple, avec des jumelles, Tiffany et Coralie, âgées de dix ans au moment du reportage, loue une petite maison HLM à Amiens (80), dans la cité Robert-Blanchard, pour 270 euros par mois.
L’homme, employé dans une société de nettoyage, travaille comme laveur de vitres. Et la mère de famille, travaillant également dans une entreprise de nettoyage, exerçait le métier de femme de ménage avant son cancer.
Au bout de trente ans d’ancienneté, il touche une mensualité de 1 100 euros. Après le loyer (270 euros) et le gaz, qui coûte « 260 euros l’été et jusqu’à 500 euros l’hiver », ils doivent composer avec le reste jusqu’à la fin du mois.
« Quand on peut, on fait des courses, mais je prends ce qu’il y a de moins cher. Des pâtes, de la purée, des frites… La viande, j’en achète quand il y a des promotions. »
Un accès aux soins plus difficile…
En effet, dans le quotidien de plusieurs familles qui vivent en France avec moins de 1 000 euros par mois, la survie est le seul mot d’ordre.
« Pas de ciné, pas de restaurant. » Et les vacances, non plus, n’ont pas de place. Même l’accès aux soins n’est pas garanti.
« J’ai emmené Tiffany une bonne dizaine de fois chez le dentiste. À chaque fois, ça coûte 170 euros. Mais je ne peux pas payer, raconte la maman, les larmes aux yeux. Alors, je dois 900 euros au dentiste. »
« Même avec la Sécurité sociale et une mutuelle patronale, je dois avancer l’argent, rappelle-t-elle. Et puis, tous les médecins n’acceptent pas le tiers payant. Après, il leur faudra des lunettes et ça coûte cher… «