Abus de faiblesse, abus de confiance, escroquerie, vol… Les personnes âgées restent les cibles privilégiées de nombreux individus sans scrupules, souvent issus de leur famille, du voisinage ou de leur entourage. Un homme, se présentant comme un « gentil voisin » pour s’occuper d’une dame âgée de 88 ans, n’a pas hésité à détourner un gros chèque avant de finir par squatter sa maison. Une affaire portée devant le tribunal vers la fin du mois de septembre dernier…
Jugé pour escroquerie, il se justifie
En 2022, un ouvrier agricole de Castelnau-Montratier (Lot), conducteur de moissonneuse-batteuse, est venu en aide à sa voisine, une retraitée de 88 ans placée sous tutelle.
Jugé au tribunal correctionnel de Montauban (Tarn-et-Garonne) le 27 octobre 2024 pour escroquerie après une plainte déposée suite au détournement d’un chèque de 20 000 euros, le prévenu nie tout en bloc, rappelant les bons services rendus à sa voisine.
« Avant que je m’occupe d’elle, affirmait l’homme, elle vivait seule, mangeant de la pâtée pour chat et se levait dans ses excréments« , pouvait-on lire dans les colonnes de La Dépêche. Et d’ajouter : « Je ne savais pas qu’elle était sous tutelle« .
Il s’achète une 4×4…
Devant le juge, qui reste déterminé à le pousser aux aveux, l’ouvrier agricole refuse d’être perçu comme un escroc.
S’il reconnaît avoir pris le chèque de 20 000 euros, utilisé pour financer l’achat d’un 4×4, il explique que « c’est elle, en parlant de l’octogénaire, qui l’a fait pour m’aider. »
De plus, justifie-t-il, il aurait utilisé ce chèque uniquement comme garantie, sans avoir l’intention de l’encaisser.
« Ils [le concessionnaire] l’ont mis à l’encaissement alors que je leur avais demandé d’attendre« , a-t-il précisé.
Une version en contradiction avec la version de la femme de 88 ans de son vivant.
« Elle disait dans son audition qu’elle vous avait fait un chèque pour que vous achetiez de la nourriture, pas pour vous acheter une voiture« , lui a rappelé la présidente.
Il squatte sa maison…
Quant à la maison de la défunte, l’avis de la juge est clair : « Vous occupez sans droit ni titre son domicile depuis son départ en Ehpad« .
Entre-temps, et jusqu’à la mort de la victime en maison de retraite, « sa curatrice n’a toujours pas réussi à vous en faire partir« , a-t-elle ajouté.
« Je me suis occupé d’elle et elle m’avait dit : je te laisserai gracieusement la maison, a rétorqué le prévenu, venu à son procès sans avocat. Je vais quitter les lieux dans l’état où je l’ai pris d’ici la fin de la semaine« , a-t-il ensuite consenti.
Le verdict…
S’il s’est plutôt bien défendu, la juge s’est appuyée sur son dossier : « Vous avez déjà été condamné deux fois pour des escroqueries« , a-t-elle déclaré avant de prononcer le verdict : 90 jours-amende à 6 euros.
« Vu qu’il a restitué le véhicule à la concession, cette dernière peine est adaptée« , a noté le parquetier.