Primark : les salariés protestent contre leurs conditions de travail épouvantables

La rédaction
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Primark : les salariés protestent contre leurs conditions de travail épouvantables
Primark : les salariés protestent contre leurs conditions de travail épouvantables !-© Shutterstock

Retour sur les témoignages poignants des salariés de Primark, le géant irlandais de la fast fashion à bas prix, exposant l’horrible réalité de leurs conditions de travail.

Primark : les salariés protestent contre leurs conditions de travail épouvantables

Quand on lui interroge sur son poste dans le magasin alsacien de la marque, Marie, dont le prénom a été modifié, ne sait pas quoi répondre. Et pour cause, elle travaille un peu partout.

« Réassort, rangement de rayon, caisses, cabines… Un peu tout, quoi », confie l’« employé polyvalent » à nos confrères d’Actu Strasbourg.

Elle indique faire l’objet d’une énorme pression chaque jour. « L’encadrement, c’est compliqué, raconte-t-elle. Ils nous mettent beaucoup la pression pour qu’on fasse tout vite. Il y a beaucoup d’intimidations aussi ».

Quand elle faisait partie de l’équipe du matin, Marie débutait à 6h15. De là jusqu’à l’ouverture du magasin à 10h, elle ne pouvait prendre « aucune pause » si ce n’est un petit passage aux toilettes. Mais même durant ce petit moment de répit, relate-t-elle, elle ne pouvait être tranquille.

Avec ces collègues, elles en profitent pour y aller ensemble. « Des managers l’ont remarqué et ont commencé à nous suivre jusqu’aux toilettes pour savoir combien de temps on y passait et pourquoi on y allait tous en même temps ».

Marie n’est pas la seule à se plaindre. Une ancienne salariée est également revenue sur sa mésaventure.

«Vous avez de la chance, à Paris, c’est pire ! »

« Si on fait remonter certaines problématiques, on va se voir répondre : « C’est partout comme ça, et encore, vous avez de la chance, c’est Primark Strasbourg, à Paris, c’est pire ! », se rappelle Léna, prénom modifié.

« Ou alors ils vont nous dire qu’eux aussi subissent le problème… Sauf que ça reste un problème et, peu importe qui le supporte, ça ne devrait pas être normal », ajoute-t-elle.

« Le ménage, indique-t-elle. Du temps où j’ai travaillé à Primark, je n’ai jamais vu une entreprise le faire. Certes, le sol et les locaux des employés sont propres, mais il y a beaucoup de poussière dans le magasin. Quand on arrive pour encaisser, il y a des amas de poussières qui tombent, on éternue tout le temps ».

« En été, illustre-t-elle encore, il n’y a pas de clim, donc il fait 40 degrés dans le magasin. Ils ont même été obligés de fermer tout un étage de cabines tellement il faisait chaud. Des clients et des vendeurs ont déjà fait des malaises à cause de la chaleur ».

Cette employée « rentre chez elle en pleurant »

Marie arrive « souvent avec la boule au ventre au travail ». Ce n’est pas tout ! Elle « rentre (même) chez elle en pleurant ». Il lui arrive de « se réfugier aux toilettes » lorsque cela survient sur son lieu de travail.

« Moi, abonde Léna, c’était pas vraiment des pleurs de fatigue mais plus des pleurs d’énervement ».

« Je me réveillais le matin, j’étais déjà énervée de la journée qui m’attendait. J’étais tellement fatiguée que le moindre truc prenait d’énormes proportions », continue-t-elle.

En outre, elles doivent encore subir « l’agressivité et le manque de savoir-vivre des clients«  du Primark Strasbourg.

« Quand on est en train de ranger ou de plier, des clients viennent râler parce qu’ils n’ont pas ce qu’ils veulent. Quand on essaie de leur expliquer, ils nous disent que « c’est inadmissible », qu’ils veulent « parler à un manager », etc. Ils veulent tout, tout de suite », souligne Lena.

« Il faut changer de boulot »

« À bout », Léna a finalement démissionné de Primark. « Le médecin m’avait dit : « Il faut changer de boulot, car vous n’êtes pas loin du burn out ». Ça a été un déclic, admettait-elle. Ma famille me conseillait la même chose ».

Malgré tout, ajoute-t-elle, il y a des aspects positifs à travailler chez Primark. « Il y a des tickets resto, un 13e mois, un CE [Comité d’entreprise, NDLR]… Quand on demandait un jour off, on l’avait, et entre collègues, on s’entendait bien ».

« Avec le recul, conclut Marie, j’ai juste compris qu’ils prenaient tout ce qui bouge ». Cette dernière souhaite à son tour démissionner.

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