Blanchiment aggravé. Face à la commune de Saint-Raphaël, la partie civile, Régine Ginoux-Eisenlohr, âgée de 67 ans, vient d’être condamnée, au pénal et au civil, avec une très lourde peine : deux ans d’emprisonnement avec sursis et une obligation de rembourser près de 500 000 euros.
« Aucun élément ne pouvait laisser penser qu’il y avait malversation »
« Honorablement connue » et admirée dans les villes de Saint-Raphaël et Fréjus, situées dans le département du Var en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dans le sud-est de la France, personne ne soupçonnait que Régine Ginoux-Eisenlohr, ancienne directrice de l’association d’insertion Corail, détournait les fonds à des fins personnelles depuis de nombreuses années.
« Comment voulez-vous qu’on se soit douté de quoi que ce soit, a déclaré le maire de Saint-Raphaël, Frédéric Masquelier. C’était quelqu’un qui avait pignon sur rue. Aucun élément ne pouvait laisser penser qu’il y avait malversation, les comptes ont toujours été certifiés par un commissaire aux comptes et un expert-comptable« , poursuivait le premier magistrat de la ville.
L’ancienne directrice du Corail condamnée à rembourser près de 500 000 euros
Reconnaissant les faits lors de l’interrogatoire durant sa garde à vue, elle a été jugée coupable par le tribunal correctionnel de Draguignan pour blanchiment aggravé.
Lors du verdict rendu il y a un peu plus d’un mois et demi, Régine Ginoux-Eisenlohr a écopé de deux ans d’emprisonnement avec sursis et de 50 000 euros d’amende.
Jugée également responsable de ses actes, l’ancienne directrice doit verser un préjudice matériel de 493 580,22 euros et 3 000 euros de frais de procédure pénale.
Régine Ginoux-Eisenlohr fait appel, le maire de la ville choqué
Si tous les acteurs s’attendaient à des regrets suivis d’excuses envers les victimes, l’ancienne directrice de Corail, au contraire, a décidé d’interjeter appel.
« Nous avons été plus que surpris, très choqués. Et qu’elle ose faire appel est scandaleux et révoltant! Il s’agit d’une association pour les défavorisés, que la Ville soutient« , s’exclame l’élu local.
« Il est important qu’elle soit indemnisée pour sa pérennité sur notre territoire. Il lui appartient d’engager la responsabilité du commissaire aux comptes. S’il avait fait son travail, on n’en serait pas là » a conclu le maire.
Ces virements suspects qui ont alerté les nouveaux dirigeants de l’association
C’est Carine Thuillier, la nouvelle directrice de l’association qui était à l’origine du procès. Elle a compris les malversations de sa prédécesseure lorsqu’elle a pris la direction du Corail en 2022.
« Lorsque Régine Ginoux-Eisenlohr est partie en retraite, en 2022, j’ai dû réceptionner un pli d’huissier de Malakoff, groupe de protection sociale, mutuelle santé, retraite des salariés de Corail. Ce pli mentionnait une dette de près de 130.000 euros« , expliquait-elle.
Interloquée, elle a commencé à creuser et a pris connaissance, avec la coopération de la banque de Corail, de plusieurs virements vers les comptes de Régine Ginoux-Eisenlohr. Une preuve suffisante de détournement des fonds pour porter l’affaire entre les mains du tribunal.
« J’ai tout de suite alerté tous nos financeurs pour statuer sur l’avenir de Corail car avec le nouveau président, Nicolas Prézioso, nous voulions sauver les 66 emplois, 55 salariés en insertion et 11 permanents-encadrants« , poursuivait-elle.
« Je suis allée aussi déposer plainte au commissariat de police de Fréjus, qui a mis l’affaire entre les mains de la police judiciaire de Toulon« , ajoutait-elle.
« Celle-ci a saisi tous les comptes de Régine Ginoux-Eisenlohr, l’a auditionnée lors d’une garde à vue de deux jours, a enquêté et révélé une fraude de plus d’un demi-million d’euros« , rapportait-elle. Le directeur Jean-Philippe Robles a été licencié pour faute réelle et sérieuse« , a-t-elle précisé.