« 200 000 logements sociaux dépassent le plafond » alors que 2,6 millions de personnes sont encore en attente. Décryptage.
« C’est quasiment un doublement de la demande ».
« Depuis la crise du Covid, on enregistre une demande exponentielle d’accès au logement social(…) Si l’on compare sur dix ans, c’est quasiment un doublement de la demande. On compte aujourd’hui 2,6 millions de ménages en attente !« , chiffre Emmanuelle Cosse, la présidente de l’Union sociale pour l’habitat, la principale fédération des bailleurs sociaux.
« La demande d’HLM augmente et la production baisse : la durée d’attente pour obtenir un logement s’allonge donc », estime-t-elle auprès du magazine Capital.
« On est en train de dépasser les dix ans d’attente en moyenne pour avoir un logement social à Paris. Et dans beaucoup de régions, c’est trois à cinq ans ! C’est extrêmement long pour les familles qui sont concernées« , déplore la présidente de l’USH.
« Ces trois dernières années, souligne Emmanuelle Cosse, la demande augmente dans toutes les régions, y compris dans des territoires considérés jusqu’ici comme peu sous tension ».
« Nous sommes dans un effondrement du marché du logement abordable« .
« En 2023, révèle-t-elle, nous avons lancé une étude pour quantifier les besoins en logements dans notre pays(…) Pour fluidifier le marché, il était nécessaire de construire ou réhabiliter 519 000 logements par an d’ici 2040(…) Il y a un besoin de construire 198 000 logements sociaux chaque année ».
« Nous ne sommes pas simplement dans une crise du logement social, mais dans un effondrement du marché du logement abordable. Les demandeurs de notre parc sont de plus en plus des actifs qui ne trouvent plus de quoi acheter ou louer à prix abordable dans leur région », conclut-elle.
« 200 000 logements sur lesquels on dépasse le plafond » et plus de 2,5 millions de personnes sur la liste d’attente
Dans son projet de loi destiné à contenir la crise du logement, le ministre délégué chargé du Logement Guillaume Kasbarian entend exclure des HLM, les locataires dont les revenus dépassent le plafond de ressources maximum.
« Sur les revenus, on a les chiffres […] Si je regarde en absolu, et j’exclus les zones en QPV (quartier prioritaire de la politique de la ville, NDLR), ça fait 200 000 logements sur lesquels on dépasse le plafond« , affirmait-il, selon les propos relayés par Sud Ouest.
« Le nombre de logements sociaux qui sont au-delà de 20% au-dessus des plafonds, c’est 80 000« , ajoutait-il devant la commission des Affaires économiques.
« Créer les conditions d’un « choc d’offre »
Le patrimoine des locataires sera aussi pris en considération. Ils seront sommés de quitter les lieux dès lors qu’« ils sont propriétaires d’un logement qui leur permettrait de subvenir à leurs besoins dans le parc privé ».
Guillaume Kasbarian révèle vouloir « créer les conditions d’un « choc d’offre » pour mieux loger les classes moyennes ».