Le congé parental actuel étant de moins en moins utilisé, Emmanuel Macron entend la remplacer par le congé de naissance. Décryptage.
Le congé parental peine à convaincre…
Le congé parental, instauré en 1977 et modifié à plusieurs reprises, offre aux parents la possibilité de suspendre leur activité professionnelle jusqu’aux deux ans de l’enfant (trois ans en cas de partage entre les parents).
Toutefois, ce dispositif, malgré ses évolutions, peine à séduire, principalement en raison de sa faible rémunération, fixée à 429 euros par mois.
Les statistiques officielles révèlent une chute du nombre de bénéficiaires, passant de 500 000 en 2013 à 246 000 en 2020. Une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) en 2021 souligne que la proportion de pères utilisant ce congé demeure inférieure à 1%.
Le congé de naissance remplace le congé parental, ce qui va changer !
« Après l’allongement du congé de paternité, je crois profondément que la mise en place d’un nouveau congé de naissance serait un élément utile« , déclarait le président Emmanuel Macron durant sa conférence de presse exceptionnelle du 16 janvier dernier.
Le chef de l’Etat souhaite ainsi la création d’un nouveau congé qui devrait permettre aux deux parents de « s’arrêter six mois« .
Contrairement à son prédécesseur, le congé de naissance « pourra être pris en même temps ou successivement » et sera « mieux rémunéré » que le congé parental actuel, peut-on lire dans les colonnes du magazine marieclaire.fr.
« L‘objectif est que ce soit proportionné au salaire. »
Le montant exact sera établi selon « différentes modalités, et notamment la durée », affirmait ce mercredi sur franceinfo Prisca Thévenot, la nouvelle porte-parole du gouvernement.
Ce qui est sûr, précisait pour sa part, Aurore Bergé, ministre en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, le montant irait « bien au-delà des 429 euros maximum accordés aux parents chaque mois(…) Ça ne sera pas 100% du salaire mais l’objectif est que ce soit proportionné au salaire. »
« Réservé soit à ceux qui avaient énormément d’épargne et de moyens, soit à ceux qui avaient très peu d’écart avec leur niveau de revenus, en clair ça (le congé parental) pénalisait les classes moyennes », estimait-elle sur les ondes de Sud Radio.
« Quand vous cumulez congé paternité (28 jours) ou maternité (16 semaines), que vous ajoutez ce congé qui sera créé cela fait à peu près six mois par parent qui pourront être pris », confirme Aurore Bergé ce mercredi 17 janvier 2024. Il est prévu entrer en vigueur « dès 2025 ».
« Une réforme du congé parental contre-productive »
« Il (Emmanuel Macron, ndlr) n’a aucune politique familiale !(…) Macron c’est l’ennemi des familles ! Si ce congé de naissance de 6 mois mieux rémunéré se substitue au congé parental optionnel de 3 ans et ne s’y ajoute pas, ce n’est pas un progrès pour les familles mais une régression et un droit en moins », réagit sur le réseau social X, @BMoon_bee.
« C’est un recul social massif qui supprime la possibilité pour les mères de rester près de leur enfant 1, 2 ou 3 ans avec la garantie d’un retour à leur poste ! Sans mode de garde, les mères devront démissionner ! », abonde @carinecarion.
« Agir uniquement sur l’indemnisation fait prendre le risque d’un taux de recours plus important, mais très féminin », précise Elsa Foucraut, membre de l’association Parents et Féministe.
« Une réforme du congé parental qui ne serait pas précédée ou tout du moins accompagnée par une vigoureuse politique de création de places d’accueil en collectif serait vouée à l’échec et contre-productive », appuyait Kenza Tahri, responsable du pôle égalité femmes-hommes du think-tank Terra Nova.