Selon la Mutualité française, les Français vont dépenser plus pour leur mutuelle en 2024. Une hausse qui dépasse de loin celle de 2023. Explications.
Pouvoir d’achat : les tarifs des mutuelles santé s’envolent en 2024
Les complémentaires santé à statut mutualiste envisagent une augmentation moyenne de 8,1% de leurs cotisations en 2024.
La hausse s’élève à 7,3% en moyenne pour les contrats individuels, et atteint jusqu’à 9,9% pour les contrats collectifs obligatoires (souscrits par les sociétés pour leurs salariés), d’après la Mutualité.
Une hausse inédite des cotisations encore jamais vue. En 2023, les cotisations ont subi une hausse de 4,7%, une augmentation plus forte comparée à celle de 2022 (+3,4%), 2021 (+2,6%) et même celle de 2020 (+2,4%).
« Les dépenses de santé ont été extrêmement dynamiques en 2023 », souligne Eric Chenut, le président de la Mutualité française. « La hausse a été de +6% alors qu’on s’attendait plutôt à +3 ou +4% », ajoute-t-il.
La réforme du 100% Santé entraîne une baisse du remboursement de 70% à 60%.
Cette évolution est surtout alimentée par la revalorisation des salaires et tarifs des soignants, une consommation accrue de soins, et par la réduction du remboursement des soins dentaires par la Sécu.
Le gouvernement vient de transférer 500 millions d’euros de dépenses dentaires supplémentaires par an aux complémentaires santé. La réforme du 100% Santé a conduit à une baisse du remboursement par l’Assurance maladie de 70% à 60%.
Cette décision « renforce le rôle des complémentaires dans la prise en charge des dépenses d’optique, dentaire et audiologie« .
Mutuelles, assureurs et institutions de prévoyance doivent maintenant pallier ce déremboursement. En 2024, les dépenses des complémentaires santé devraient augmenter de 1,5 milliard d’euros, sur une enveloppe d’environ une trentaine de milliards d’euros.
« Les dépenses de santé augmentent plus vite »
« Les dépenses de santé augmentent plus vite que la richesse produite », alerte Eric Chenut. Selon le président de la Mutualité, l’une des solutions pour échapper à ces hausses de cotisations trop importantes : revoir le panier de soins de référence, à savoir le « contrat responsable et solidaire ».
Ce dernier « embarque un très haut niveau de définition des couvertures, et du coup aussi un très haut niveau de coûts », indique-t-il. Il serait donc utile de lui « donner une modularité plus grande » afin de « permettre aux gens de se couvrir au niveau qui leur est nécessaire ».
Avant d’avoir une solution à proposer, l’Etat a communiqué sur cette « progression importante » et s’inquiète d’ores et déjà des hausses de cotisations annoncées par les complémentaires santé pour 2024, ainsi que de leur conséquence sur le pouvoir d’achat.
Pour rappel, « les mutuelles sont la famille la plus importante de complémentaires santé (avec 46% des prestations versées), devant les assureurs (près de 35% du marché) et les institutions de prévoyance (un peu moins de 20%) », relaie La Tribune.
Qu’en dit le gouvernement ?
La forte augmentation attendue des tarifs des complémentaires santé, entre 8 à 12 %, n’est « pas tenable »… « Je le dis – et je les verrai dans quelques jours – aux mutuelles. Elles ne peuvent pas aujourd’hui faire des patients la variable d’ajustement de leur modèle économique », prévenait le ministre de la Santé Aurélien Rousseau sur France 3.
Une sortie médiatique qui ne présage de rien jusqu’à preuve du contraire. Interrogé sur les probables sanctions à l’encontre des mutuelles, il avait répondu ne rien savoir à ce propos.
« Je ne sais pas, on va d’abord avoir la discussion » avec elles, se contentait-il de rétorquer.
En effet, le gouvernement ne peut se limiter qu’à inciter « les consommateurs et les entreprises à faire jouer la concurrence ». Il n’est pas en droit d' »encadrer les tarifs des complémentaires santé ».
Selon les chiffres issus de l’enquête menée par la Mutualité, près de la moitié des adhérents des mutuelles demeurent dans le cadre de + 5 à +7% évoqué par Aurélien Rousseau.
50% des titulaires d’un contrat individuel (souscrit par un particulier) ou collectif (souscrits par une entreprise pour ses salariés), relaie La Tribune, subiront une augmentation inférieure à 6,9%.