Pour faire face aux déficits budgétaires, l’idée de faire payer les retraités est de nouveau sur la table. Comment compte-t-on les mettre à contribution. Explications.
Déficit public : cette mesure qui vise à ponctionner davantage les retraités
Si l’idée n’emballe en rien le président de la République Emmanuel Macron, un collectif de cinq économistes plaide dans une tribune au « Monde » pour « la contribution des retraités » afin de réduire le déficit public.
Pour cela, les économistes proposent de ponctionner davantage les retraités. Et pour cause, justifient-ils, « les retraités actuels ont été les principaux bénéficiaires de la dette publique contractée au cours des cinquante dernières années, et du récent « quoi qu’il en coûte » destiné à préserver leur santé ».
L’État ayant fonctionné à crédit, peut-on y lire, « ils ont davantage bénéficié des dépenses publiques sur cette période qu’ils n’ont contribué« , déplorent les économistes.
Dans la foulée, ajoutent-ils, « cela a permis à cette génération de constituer un patrimoine important, alors que le prix de l’immobilier et le taux d’intérêt réel étaient particulièrement bas ».
« Pour l’efficacité économique, faire reposer l’effort sur les retraités plutôt que sur les actifs permettra de préserver l’incitation au travail et de soutenir la croissance« , expliquent-ils.
Le collectif plaide en effet « pour la désindexation des pensions de retraite » ainsi que pour « la suppression de l’abattement de 10 % sur leur imposition ».
Une idée qui n’est pas nouvelle
L’idée d’une désindexation des pensions de retraite a d’ores et déjà circulé fin février. Elle a été évoquée par le ministre des Comptes publics, Thomas Cazenave, lors de son passage sur France Inter avant d’être rabroué par le Chef de l’État, dont le cœur de l’électorat est retraité.
« Il faut arrêter de sortir des mesures qui n’ont même pas été évoquées, sauf si vous voulez perdre les élections », assénait-il durant le conseil des ministres. Cela n’a pas empêché que d’autres ont continué à examiner cette possibilité.
Rien que ce début d’année, chiffre Thomas Cazenave, « la revalorisation des retraites de base par rapport à l’inflation (+ 5,3 %), à laquelle s’ajoute la hausse des retraites complémentaires (+ 4,9 %), a coûté « plus de 14 milliards d’euros » à l’État ».
Pourquoi ne fait-elle pas l’unanimité ?
Cela ne ferait qu’accroître les inégalités étant donné que « les salaires n’ont pas suivi le rythme de la hausse des prix (excepté pour le SMIC)« , relaie Alternatives Économiques.
« Les salariés ont fait beaucoup d’efforts pendant la période inflationniste », précise François Geerolf, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). C’est selon lui, la meilleure manière « pour rétablir la balance intergénérationnelle ».
« Elle détruirait le contrat social ! »
« Elle détruirait le contrat social ! », fustige Henri Sterdyniak, qui ne voit pas d’un bon œil cette sous-indexation temporaire des pensions.
Pour l’économiste, co-fondateur du groupe des Economistes atterrés, « Notre système repose sur l’assurance pour les actifs que leur niveau de vie à la retraite sera satisfaisant, sinon on incite à la capitalisation. Les plus hauts salaires préféreront ce modèle pour éviter que leur retraite ne soit utilisée comme variable d’ajustement du déficit public. »
« Depuis une dizaine d’années, mentionne France Stratégie, le montant des prestations de protection sociale reçues en moyenne par une personne de plus de 60 ans augmente moins vite que le PIB par habitant ».