Quelle hausse de salaire pourrez-vous vraiment demander cette année à votre employeur ? On vous fait le point sur la question.
Des « niveaux inédits » selon les experts.
En 2023, les augmentations de salaires ont atteint des « niveaux inédits » d’après une étude du cabinet Deloitte parue fin août. Les chiffres relayés par nos confrères de BFM TV indiquent une moyenne de « +4,5% tous secteurs confondus, avec +4,6% pour les ouvriers et employés et 4,0% pour les cadres (+2,1 points sur un an). »
Le leader mondial de l’audit et des services professionnels précise que « 96% des entreprises ont versé des budgets d’augmentation supérieurs à 2% ».
Alors que les négociations annuelles dans les entreprises (NAO) démarrent, les discussions sur les augmentations salariales pour l’année prochaine sont à l’avant-plan.
Avec de multiples clauses de revoyure et un contexte persistant d’inflation, à combien peut-on prétendre ?
Cette hausse de salaire à laquelle vous pourrez prétendre cette année.
Le 19 septembre 2023, le gouverneur François Villeroy de Galhau a prévu une « augmentation moyenne des salaires autour de 4% », une prévision en ligne avec « celle de WTW qui table sur +3,9%« , et celle du cabinet PageGroup.
Invité sur BFM Business, Laurent Blanchard indique « tabler sur une hausse moyenne des salaires de 3,5 à 4% en 2024, des augmentations qui toucheront l’ensemble des populations, qu’il s’agisse de cadres ou de non-cadres », souligne-t-il.
Même son de cloche pour le cabinet Alixio qui opte pour « des enveloppes en augmentation de 3,8% ».
« Si l’inflation reste là où elle est, les entreprises vont se retrouver à devoir aller au-dessus de 3,8% et probablement tangenter vers 4% », ajoute Philippe Vivien, directeur général d’Alixio, sur BFM Business.
Néanmoins, certains experts, parmi lesquels l’économiste Éric Heyer, directeur du département d’analyses et de prévisions de l’OFCE, alertent sur les incertitudes conjoncturelles qui pourraient limiter les hausses à venir, agissant ainsi « en défaveur des salariés ».
A quel moment faut-il donc demander une augmentation de salaire à son employeur ?
« Le marché se tend, les incertitudes économiques se multiplient, l’euphorie des augmentations va légèrement être freinée, les entreprises ne pourront pas augmenter les salaires comme en 2023« , indique pour sa part Yamina Moukah, chasseuse de têtes et fondatrice de l’agence Cherche Susan.
Il ne faut donc « pas trop tarder pour demander une augmentation« . Comme révélé par la Banque de France, le taux de chômage s’élève à 7,2% pour l’ensemble de la population.
Ce taux est nettement plus bas, à seulement 4%, dans les métiers qualifiés, précise Laurent Blanchard de PageGroup.
Dans ces secteurs souffrant de pénurie de talents, explique-t-il, les entreprises sont disposées à accorder des augmentations plus importantes pour fidéliser leurs salariés.
Dans ces secteurs, les salariés demeurent en position de force, leur permettant de négocier des hausses plus conséquentes.
« Aller recruter à l’extérieur coûte plus cher aux entreprises car il y a une prime au changement«
« Si les entreprises n’accordent pas d’augmentations, à un moment donné, elles devront aller recruter à l’extérieur et c’est souvent plus cher, car il y a une prime au changement. Le salaire auquel elles recrutent va aussi affecter les grilles de rémunération en place dans l’entreprise, car les personnes déjà en poste vont mal vivre le fait d’être moins bien payées« , commente Laurent Blanchard dans les colonnes du Parisien.
« Il y a des ressources très compliquées à trouver, notamment dans le top management », admet Yamina Moukah.
« Les entreprises pourraient concentrer les augmentations sur les populations stratégiques, ceux qu’on ne veut pas perdre, ceux sur lesquels on veut investir« , détaille la Consultante en recrutement / Directrice New Business en Agence.
« Ce n’est pas équitable mais vu le contexte, il faudra faire des choix« , indique l’experte auprès de nos confrères de BFM TV.
Certains métiers seront mieux lotis que d’autres bien que le ralentissement économique puisse décevoir certains.