Des personnes décédées seules dans leur appartement, retrouvées des années plus tard. C’est un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur malgré de nombreuses études menées par diverses associations de lanceurs d’alerte.
Des corps complètement décomposés…
Une récente étude menée par un groupe de médecins, publiée dans The Royal Society of Medicine, a montré que le nombre de cas d’individus décédés seuls à leur domicile a augmenté au Royaume-Uni depuis les années 80.
Et c’est en Angleterre et au Pays de Galles que ce fait morbide prend plus d’intensité. C’est seulement au bout d’une longue période après leur décès, « le temps de se décomposer« , détaille cette étude, que les corps sont découverts.
Les hommes sont deux fois plus exposés au décès en solitaire que les femmes
En effet, « les hommes seraient deux fois plus susceptibles que les femmes d’être découverts en état de décomposition« , précise l’étude.
Par ailleurs, le nombre de décès est plus élevé parmi les personnes âgées de 15 à 44 ans que parmi celles de 45 à 64 ans.
Une épidémie de la solitude
Si la véritable raison expliquant cette triste réalité reste encore floue, les auteurs de cette étude ont mis en avant l’hypothèse d’une épidémie de solitude.
Une piste qui semble conforter l’impact du développement de l’individualisme dans les sociétés occidentales.
Le fait de vivre seul « expose les gens à un risque 50 % plus élevé de décès prématuré« , souligne le docteur Kamila Hawthorne. L’absence des relations sociales ne fait qu’aggraver les choses.
« Cette étude est une lecture très triste, regrette la médecin généraliste galloise. La solitude n’est que trop fréquente et, bien qu’elle touche toutes les tranches d’âge, elle peut s’avérer particulièrement problématique pour les personnes âgées », explique-t-elle.
L’impact qu’elle a sur la santé et la qualité de vie d’une personne est considérable », a-t-elle fait bien mention.
Mort dans la solitude : quid de la France ?
En France, la situation est encore plus préoccupante. Le 16 janvier 2023, l’association Les Petits Frères des Pauvres a dressé un bilan dramatique suite à la découverte de 14 individus morts seuls à leur domicile.
« Il s’agit de personnes âgées de 62 à 93 ans, huit hommes et six femmes. Elles ont été retrouvées entre 15 jours et trois ans après leur décès. Onze vivaient en appartement », détaille le rapport.
« Dans la plupart des cas, il s’agissait de personnes âgées qui n’étaient pas ou peu identifiées par les services sociaux, de personnes en rupture qui pouvaient refuser de l’aide, avec des parcours de vie complexes semés d’embûches et de fragilités », explique l’association.