Une vraie révolution dans le commerce français, clap de fin pour les caissières, bonjour aux caisses automatiques ! Une chose est sûre, elle commence à devenir une réalité palpable.
« Elles vont remplacer tout le monde. »
Depuis quelques années déjà, les supermarchés multiplient les caisses en libre service à coté desquelles une « animatrice de caisse » donne des conseils au client. Une pratique qui malheureusement menace le métier d’hôtesses de caisse !
« C’est entré dans les mœurs, la moitié des magasins sont équipés de caisses automatiques », indiquait déjà Daniel Ducrocq, spécialiste de la distribution chez Nielsen en 2019. 10% du chiffre d’affaires des grandes surfaces passe par des caisses automatiques, estimait déjà le cabinet à l’époque.
« L’automatisation des systèmes d’encaissement entraîne irrémédiablement la diminution du nombre de caissières », note Jean Pastor, délégué syndical central CGT de Casino. « On est pas des arriérés, on sait très bien qu’il y a une évolution, mais la question c’est qu’est-ce qu’on veut comme travail pour demain ? »
« S’il est fait par des machines, ajoute-t-il, ça me pose aucun problème, il y a des métiers répétitifs. Par contre il faut que la productivité gagnée puisse servir le bien collectif, c’est à dire que la caissière à temps partiel passe à temps complet et puisse faire autre chose dans l’entreprise ».
« On en a beaucoup plus », confirme une hôtesse de caisse au Monoprix de Montparnasse.
« La crise légitime tout ! »
« Les enseignes transfèrent l’activité des caissières vers des agents de sécurité en prestations externes, donc elles gagnent en productivité, puisque ce n’est pas le même coût en matière de cotisations », dénonce Amel Ketfi, de la CGT commerce. « Ce procédé, c’est, à terme, la disparition des caissières. On a ouvert la boîte de Pandore, la crise légitime tout ! »
Commerce : disparition des caissières en France au profit de la caisse automatique
Comme récemment annoncé dans les colonnes du Figaro, « la disparition des caissières est déjà une réalité chez Uniqlo« , magasin situé dans le quartier de l’Opéra, à Paris, rouvert après huit mois de travaux.
D’un côté, « les 28 caisses flambant neuf sont réparties sur deux niveaux ». De l’autre, « toutes sont automatisées« . Un simple geste suffit au client : déposer ses achats dans un bac blanc équipé de capteurs électroniques, et sa facture s’affiche instantanément à l’écran.
Le client « peut alors régler par carte, ranger ses achats » et prendre la direction de la sortie, « le tout sans avoir jamais croisé le regard d’un caissier ou d’une caissière ». Mais c’est voulu !
Dans cet Uniqlo, tout comme dans les 25 autres magasins de la chaîne en France, « la plupart des caisses sont automatisées ».
Les rares caisses pilotées par des employés se trouvent dans un autre coin du magasin, « réservées aux échanges, aux retours, aux remboursements et aux demandes de détaxe. »
« Si on automatise trop les magasins, quel est l’intérêt d’y aller ? »,
« Ils ont refait entièrement le magasin et parfois on n’a que des caisses automatiques ouvertes. Il faut toujours aller vite, vite, mais ils pensent à nous, les gens âgés ? », déplore une cliente de 80 ans.
« Ça tue l’emploi !« , s’insurge cette employée qui a fait 34 ans de caisse chez Carrefour à Paris. « Et puis c’est pas humain. Vous lui dites bonjour, vous, au robot ? »
« La grande difficulté va être de persuader les consommateurs à aller dans les magasins s’il n’y a plus de contact humain », indiquait pour sa part Carole Desiano, secrétaire fédérale chargée de la grande distribution chez Force Ouvrière. « Si on automatise trop les magasins, quel est l’intérêt d’y aller ? », réagissait-elle en 2021.
« Il n’y aura plus le métier d’hôtesse de caisse mais celui d’employée du magasin, qui sera un peu à la caisse, puis dans les rayons, puis de nouveau à la caisse », dénonce Guy Laplatine, de la CFDT Auchan. « Ça « désapproprie » les salariés de leur périmètre, et je ne pense pas que ça produise du bonheur, puisque quand on fait tout, on ne fait rien. »