Dans son rapport statistique annuel de l’«État de la pauvreté en France « Prestations sociales : quand la solidarité s’éloigne », Le Secours Catholique tire la sonnette d’alarme « sur la dégradation du niveau de vie des plus pauvres » d’une part et « la difficulté à accéder à la protection sociale face à la dématérialisation des démarches administratives » d’autre part. Selon l’association, le taux de ménages ayant droit au RSA qui ne bénéficie pas de cette aide sociale a encore bondi au cours de ces dernières années.
CAF : ce grand nombre de Français éligibles qui ne touchent pas le RSA
« En 2023, le niveau de vie médian des ménages étudiés (57 240 sur 1 060 000 personnes rencontrées) s’établit à 555 € par mois, soit un recul de 19 € par rapport à 2022 », rapporte Le Secours Catholique.
« Le non-recours aux prestations sociales a atteint 36 % pour le RSA, une hausse de 10 points par rapport à 2010 », souligne l’association.
Une situation favorisée par l’« éloignement croissant de l’administration, qui n’offre plus suffisamment de soutien aux plus vulnérables ».
Si de nombreux citoyens n’ont pas accès « aux aides dont ils ont pourtant besoin», plusieurs facteurs expliquent ce taux élevé de non-recours, à savoir la « dématérialisation des démarches, le durcissement des critères d’éligibilité et la complexité des processus d’accès aux droits » constituant « une série d’obstacles pour les personnes isolées et en difficulté ».
Concernant toujours le revenu de solidarité active, la totalité des ménages éligibles et qui ne le perçoivent pas « vivent sous le seuil de l’extrême pauvreté, contre 81 % des allocataires ».
La dure réalité des potentiels bénéficiaires du RSA…
Plusieurs personnes « se retrouvent seules devant leur ordinateur ou leur smartphone et galèrent à remplir les formulaires en ligne », révèle à Merci pour l’info Daniel Verger, responsable du département accès digne aux revenus, travail et prestations sociales du Secours catholique.
Pour le peu de personnes qui réussissent à finaliser la demande, bon nombre essuient un refus de la prestation « en raison d’une pièce manquante ».
Un mélange « d’incompréhension et de méfiance ».
Entre l’administration et ces personnes ayant droits, « une (sorte) d’incompréhension et une méfiance réciproques (s’installent) résultant de la mise à distance provoquée par la numérisation ».
Le 12 avril 2023, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques évaluait à 34 % le taux de non-recours au RSA.
1 ménage éligible sur 5 n’ont pas droit au minimum social « de façon pérenne trois trimestres consécutifs », souligne la Drees.
Ce point primordial
Pour Daniel Verger, la réforme du RSA ne fera qu’aggraver le non-recours au RSA. Pour lui, un « accompagnement humain » est primordial pour accueillir le public, seconder au remplissage des formulaires et vérifier si les dossiers sont complets.