« En train de reconstruire » un système « qui permet de revenir à un chèque automatique » : le gouvernement fera-t-il machine arrière ? Retour sur cette promesse de la ministre de l’Énergie Agnès Pannier-Runacher.
« Le chèque énergie, un impératif budgétaire pour les ménages très modestes »
Le chèque énergie, c’est ce dispositif d’aide qui permet aux ménages modestes de régler leurs factures d’énergie (électricité, gaz, chauffage au bois, fioul, etc.).
Ce coup de pouce qui peut atteindre jusqu’à 277 euros peut également servir au financement de certains travaux de rénovation énergétique.
5,6 millions de personnes y ont droit chaque année, sous condition de ressources. Son montant s’établit en moyenne à 149 euros.
Dans son projet de loi de finances pour 2025, le gouvernement annonce vouloir mettre fin à l’automaticité du versement du chèque énergie. De quoi faire monter au créneau de nombreuses associations.
« Cette aide qui ne concerne que les ménages très modestes, et pour qui le chèque constitue un impératif budgétaire. Les contraindre à en faire désormais la demande sur une plateforme aura pour effet d’exclure, pour non-recours, un grand nombre d’entre eux du dispositif« , alerte l’UFC-Que-Choisir.
Le problème, explique auprès de TF1, Antoine Autier, responsable des études et spécialiste des questions d’énergie au sein de l’organisation, c’est que « les gens qui doivent aller sur cette plateforme ne savent pas forcément qu’ils peuvent être bénéficiaires du chèque énergie ».
« Il n’y a pas eu de campagne du gouvernement pour indiquer aux consommateurs d’aller vérifier s’ils sont éligibles ou non« , déplore ce dernier.
« Une perte de taux d’usage monstrueuse », selon la Cnafal
Le 3 octobre, révèle Françoise Thiebault, la coordinatrice “énergie” du Conseil national des associations familiales laïques, « 110 000 demandes » seulement avaient été enregistrées via la plateforme pour un million de personnes concernées.
Seuls « 31 500 chèques » ont été émis. Cela correspond à « un taux de recours de 3 à 12 % » uniquement, précise celle qui siège au Conseil supérieur de l’énergie.
La réforme « technique » du chèque énergie envisagée en 2025 ne devrait rien arranger à cette situation.
Si jamais celle-ci voit le jour, seuls les ayants droit d’ores et déjà identifiés au cours « des trois années précédentes » et qui continuent à « satisfaire la condition de revenus » pourront recevoir l’aide de manière automatique en 2025.
Les autres étant tenus de faire une demande, soit « potentiellement des millions de personnes ».
Pour la représentante de la Cnafal, cela entrainera forcément « une perte de taux d’usage [du chèque] absolument monstrueuse ».
1 milliard d’euros pour l’État
Si aucune solution n’est trouvée, « ça montrera que le gouvernement a envie de faire des économies sur le dos des ménages les plus pauvres », dénonce-t-elle.
Comme précisé dans Mediapart, ce nouveau fonctionnement « pourrait rapporter près d’un milliard d’euros aux caisses de l’État ».
Chèque énergie 2025 : Retour vers un versement automatique ? Le gouvernement renonce-t-il à la réforme ?
En réponse, la ministre de l’Énergie Agnès Pannier-Runacher indique y travailler. « Nous sommes en train de reconstruire un autre mécanisme pour avoir cette automaticité« , assure-t-elle.
En attendant que ce système se mette en place, Françoise Thiebault propose au moins d’informer les foyers concernés (identifiés grâce à leurs impôts) par mail ou courrier.
« C’est un moindre mal. Au moins, ils sauront qu’ils y auront peut-être droit s’ils font la démarche », conclut-elle.