Pour s’en justifier, le Premier ministre Michel Barnier insiste sur la valeur travail. « Il faut que le travail paie plus que l’addition des allocations », déclarait-il sur France 2. Pour cela,
il souhaite remettre à l’ordre du jour le « chantier de l’allocation sociale unique ». De quoi s’agit-il réellement ?
RSA, allocations chômage, aides de la CAF… Une allocation unique pour assainir les finances publiques ?
L’objectif affiché de l’allocation sociale unique consiste à faire en sorte que « cela paye plus de travailler que de ne pas travailler ». Ce dernier vise à fusionner plusieurs prestations sociales, sans préciser les aides concernées.
Ce n’est pas sans rappeler une ancienne proposition de l’ex-commissaire européen, formulée en 2021 du temps où il briguait l’investiture de la droite en vue de l’élection présidentielle.
À l’époque, Michel Barnier entendait « fusionner le revenu de solidarité active (RSA), les allocations chômage ainsi que les autres aides versées par les Caisses d’allocations familiales et les Mutualités sociales agricoles », sauf les aides vieillesse (ASPA) et handicap (AAH).
Il prévoyait en outre suspendre les allocations chômage «après deux refus d’une offre raisonnable», rappelle La Libération.
Une idée qui va faire des perdants
Une fusion des prestations sociales n’est pas sans risques pour les bénéficiaires. « Les bases de calcul des ressources et les règles d’attribution des aides ne sont pas les mêmes d’une allocation à l’autre. Or, si vous fusionnez, vous harmonisez les modalités. », explique Timothée Duverger, ingénieur de recherche à Sciences Po Bordeaux et chroniqueur pour Alternatives Economiques.
« Est-ce que les périodes durant lesquelles les individus bénéficient de cette allocation seraient prises en compte pour la retraite ? », met en garde Anne Eydoux, économiste au Cnam-CEET.
Les règles de validation des trimestres de retraite ne sont pas les mêmes selon les aides sociales. L’ASS par exemple permet d’en valider, le RSA non. Qu’en serait-il pour une ASU ?
Ce n’est pas tout ? « Quelles seront les conditions retenues concernant la conjugalité ? demande Anne Eydoux. Là aussi, les modalités diffèrent selon les aides aujourd’hui. Il ne faudrait pas que des femmes en couple pâtissent de la fusion des prestations sociales… ».
« En mêlant des allocations chômage d’un côté, qui constituent un droit pour lequel les actifs cotisent, et de l’autre côté des prestations, qui relèvent d’une logique de solidarité nationale, le gouvernement fusionnerait deux logiques complètement différentes », abonde Timothée Duverger.
Un « chantier (qui) va prendre un peu de temps »
L’Allocation sociale unique ne fera-t-elle pas qu‘ »accentuer le non-recours aux aides sociales » ? Le Premier ministre, lui, juge indispensable le fait de « débureaucratiser [sic] » les allocations et « peut-être parfois en augmenter certaines », rapporte l’AFP. Ce « chantier va prendre un peu de temps », admettait le chef de l’exécutif.