Lorsqu’on parle de la sécurité routière, les seniors ont la vie dure. Ils sont en effet trop souvent pointés du doigt d’être des « dangers au volant. »
Sont-ils à tort catalogué de la sorte ou est-ce vraiment le cas ? Un expert de la Prévention Routière répond. Dans la foulée, les chiffres de l’Observatoire national interministériel de la Sécurité routière en disent long…
« Il y a senior et senior. »
« Il y a senior et senior. Jusqu’à 75 ans, on a des gens qui sont très expérimentés, qui sont prudents, qui sortent moins la nuit, qui globalement prennent beaucoup moins de risques sur la route que les plus jeunes. Passé 75 ans, on commence à voir des soucis et notamment du fait de la fragilité des individus. », estime Christophe Ramond, directeur des études et recherches à la Prévention Routière.
« On peut avoir des séniors piégés par la situation »
Néanmoins, ajoute-t-il, « après 75 ans, on voit une remontée du risque de mortalité chez les personnes âgées. Il y a plein de petits problèmes de santé ; des problèmes d’attention, un sommeil dégradé avec une vigilance dégradée la journée, des problèmes d’équilibre, des erreurs de jugement parce qu’ils ont des délais de réaction qui sont plus longs. On peut avoir des séniors qui sont piégés par la situation, qui peuvent provoquer un accident dont en général ils sont eux-mêmes la victime. », poursuit l’expert.
Les seniors au volant : ces chiffres très révélateurs de la situation réelle
Afin de mettre les choses au clair, la Ligue de Défense des Conducteurs a publié, en début d’année, les véritables chiffres de l’accidentologie des plus de 75 ans.
Verdict : « un faux procès des seniors« , précise-t-on à la Ligue de Défense des Conducteurs. Selon l’Observatoire national interministériel de la Sécurité routière, si un automobiliste « de 75 ans et plus est impliqué dans un accident mortel, il en est responsable dans 81 % des cas ».
Les automobilistes les plus âgés provoquent moins d’accidents graves que les jeunes en France selon l’ONISR
Sauf que, est-il souligné, « ces mêmes plus de 75 ans et plus ne causent que 9 % des accidents mortels ».
Par comparaison, « lorsqu’ils sont à leur tour impliqués dans un accident mortel, les jeunes de 18-24 ans en sont responsables à 80 % (sensiblement égale). En revanche, ils causent 19 % de ces accidents, soit 2 fois plus ! »
« Quand on est une personne âgée, notamment dans les territoires ruraux, on a besoin de la voiture. La France ne soutient pas l’idée qu’on impose une forme de date de péremption pour le permis de conduire », confiait, en octobre 2023, Clément Beaune, alors ministre des Transports auprès de Sud Radio. Pas étonnant sachant que les seniors constituent une part importante de l’électorat.