Les fraudes par manipulation ne cessent de gagner de l’ampleur. Elles sont en augmentation annuelle de 27%, selon la Banque de France. Comme révélé par l’institution financière, cette technique « constitue à lui seul 40% des montants de fraude aux moyens de paiement annuels en France, soit 204 millions d’euros sur les six premiers mois de l’année 2023 ».
Arnaques bancaires : méfiez-vous, les fraudes par manipulation sur les paiements en ligne se multiplient de jour en jour
«C’est un point de vigilance important», souligne Alexandre Stervinou, directeur des études et de la surveillance des paiements de la Banque de France. Comme il l’a expliqué, ce nouveau type de fraude se traduit le plus souvent par une usurpation d’identité.
« Le fraudeur se fait passer pour le conseiller bancaire de la personne ciblée et lui demande de communiquer ses identifiants bancaires», dévoile Julien Lasalle, adjoint d’Alexandre Stervinou.
«L’usager est fraudé au moment où il croit pourtant s’en protéger.»
Une pratique «particulièrement dangereuse» puisque «l’usager est fraudé au moment où il croit pourtant s’en protéger.»
Les systèmes informatiques sophistiqués, comme la double authentification, ne sont plus une garantie absolue de sécurité. «C’est l’une de nos principales difficultés aujourd’hui», poursuit l’expert.
Les fraudes par manipulation visent à « obtenir des données personnelles, voire des informations bancaires à l’insu des victimes », touchant «toutes les catégories socio-professionnelles», selon les dires de Julien Lasalle.
Comment éviter cette arnaque ?
Les opérateurs téléphoniques demeurent la seule solution efficace à condition qu’ils permettent « d’authentifier l’origine des appels malveillants et éventuellement de le bloquer« , rapporte le journal Le Figaro.
«Grâce à la loi Naegelen (visant à encadrer le démarchage téléphonique et à lutter contre les appels frauduleux, NDLR), la banque pourra s’assurer que son numéro ne sera pas exploité par quelqu’un qui n’y est pas habilité», précise Julien Lasalle.
Si cette loi est censée réduire «l’espace des possibles» pour les fraudeurs, d’après Alexandre Stervinou, la Banque de France déplore malheureusement «des retards» dans son application, et ce, selon elle, «en raison d’une complexité technique élevée».
Pour la Banque de France, il y a «urgence» !
Pour la Banque de France, il y a «urgence» à créer «un mécanisme de protection des numéros sensibles du secteur des paiements dans une approche associant banques et opérateurs».
En attendant, «l’attitude prudente» est de mise afin de se protéger des escrocs. «Personne n’a à vous demander votre numéro de compte au téléphone», prévient d’ailleurs Alexandre Stervinou. 7,2 millions de transactions frauduleuses ont été comptabilisées en 2022, pour un montant s’élévant à près de 1,2 milliard d’euros, tous types de fraudes confondus.